The X-Files tente de raviver la flamme en proposant une poignée de nouveaux épisodes délicieusement éclectiques. Si l'ambiance de la série demeure remarquablement préservée pour les fans de la première heure, la qualité de l'ensemble reste peu abordable et peinera probablement à convaincre de nouveaux publics.
Saison 10 seule : 7/10
Après 14 ans de silence, Chris Carter fait revenir le tandem qui a conquis toute une génération il y a presque un quart de siècle. Un David Duchovny écorné par les années rejoint Gillian Anderson qui semble avoir évincé le problème avec quelques coups de bistouris. Mais qu'importe. L'émotion est là, dès la première apparition de Mulder et Scully, dont l'âge tranche un peu avec l'atmosphère si fidèle à celle d'autrefois. Le thème de Mark Snow s'abat comme une délivrance au lancement du générique d'origine - non, pas celui des dernières saisons, LE VRAI - et on a dix ans, quinze ans, vingt ans à nouveau. The X-Files nous avait tant manqué, et nous l'avions presque oublié.
La grande force de cette nouvelle saison est cette capacité à susciter une nostalgie intacte, tout en intégrant une quinzaine d'années d'avancées technologiques, sociétales et culturelles. The Internet is not good for you, Mulder. Que deviennent les monstres des X-Files dans un monde ultra-connecté où absolument tout se retrouve décortiqué sur la toile ?
Le sujet pique notre curiosité, tandis que d'autres, comme la représentation de la communauté LGBT dans deux de ces nouveaux épisodes, ne semble toujours pas complètement au point pour les premiers intéressés. Ce qui a également évolué, ce sont les peurs, et Chris Carter nous les balance sans merci dans Babylon, qui résonnera étrangement dans les coeurs face à l'actualité de ces derniers mois.
La (courte) saison survole le potentiel d'un revival plus développé, avec une base de trois loners possédant leur intrigue propre et trois épisodes consacrés à la mythologie de l'univers des X-Files - mais si, ces passages de la série un peu chiants pour lesquels on a beaucoup d'affection mais qu'on sait être moins sympas que les histoires de douve du foie géante ou de psychopathe télékinétique. En plus il faut s'accrocher, parce que cet espèce d'immense bordel conspirationniste qui s'auto-révise régulièrement dure depuis 10 saisons. Et effectivement, on sent comme une surenchère scénaristique autour du sujet : du calme les mecs, on ne vous a pas vus depuis 15 ans, inutile de sortir l'artillerie lourde - d'ailleurs, le sujet sur lequel on espérait avoir le plus d'informations n'est qu'effleuré.
Heureusement, Chris Carter nous montre qu'il sait toujours réaliser de magnifiques spécimens, et Mulder and Scully Meet The Were-Monster en fait partie. Les plus aguerris se rappelleront cet humour incongru qui peut surgir n'importe quand entre deux épisodes sombres - Le shérif a les dents longues en avait marqué plus d'un à l'époque. Très émotionnel, Home again utilise son intrigue horrifique comme prétexte au vrai propos autour de Scully. Et Babylon, bien que bâclé et incongru, complète un triptyque assez varié contenant le type d'histoires individuelles qu'on aime découvrir dans la série.
La saison débute et se clôt avec les combats intérieurs des deux agents, hantés par les fantômes de leur vie passée, et présente au passage quelques nouveaux protagonistes auxquels on n'a pas eu le temps de s'attacher (et qu'on n'espère finalement pas revoir, no Sir). On en veut encore. On veut de la nouveauté. Vite, la suite, qu'on s'y replonge avec délectations ; cette saison 10 avait un goût d'inachevé.